Ce qu’il faut éviter « En thérapie » 2/7

Je me suis amusé à analyser la série d’Arte En thérapie.

Voici les premiers dialogues des épisodes 6 à 10 et ce que l’on peut en déduire.

En résumé, notre psy est comme un petit garçon face à ses clients, pris dans un lien thérapeutique. Il ne se débrouille pas mieux avec Charlotte sa femme, et Esther celle, veuve, de son mentor. Il ne sait pas non plus exprimer ses besoins et formuler ses demandes clairement et préfère poser des questions et juger plutôt qu’observer.

Épisode 6 : ne pas oser demander et perdre le contrôle

Le psy est en train de se battre avec les toilettes et dit à sa femme : Charlotte, tu peux venir s’il te plait ? Les toilettes sont bouchées.

Charlotte : appelle un plombier.

Psy : mais, ma prochaine séance commence là, dans 5 mn.

Charlotte : mais que veux-tu que je te dises ?

Psy : rien, c’est chiant, c’est pas pratique. C’est tout.

Charlotte : tu as honte devant tes patients ? C’est pas grave. Cela arrive à tout le monde d’avoir les toilettes bouchées.

Psy : d’accord. Alors, tu ne m’aides pas ?

Charlotte : appelle le plombier.

Notre psy n’évolue pas vraiment, incapable de formuler sa demande. Il n’est pas aidé par sa femme qui se protège et ne veut pas prendre sa patate chaude.

Nous retrouvons Ariane, la cliente du 1er épisode à qui notre psy conseillait de pleurer.

Ariane, s’allongeant sur le divan : je voudrais que l’on revienne sur mon rêve….

Le psy : si cela ne vous dérange pas, je voudrais reprendre exactement là où nous en sommes restés la dernière fois. Il me semble que…

Ariane : je vous arrête tout de suite. A Cédric, j’ai dit oui. Ce sera certainement pour septembre. Quand on s’y prend si tard, généralement en juillet, c’est déjà booké. Alors, mon rêve. Vous vous souvenez, il y avait des poissons dans un aquarium que je devais remplir. Avec un grand sourire « pourquoi vous me fixez comme ça. Vous n’êtes pas content ? Vous pourriez être content pour moi. Vous ne m’avez même pas félicité….. »

Le psy : vous dites avoir pris votre décision seulement hier.

Notre psy s’est encore bien fait balader. Il n’explique pas pourquoi il veut reprendre exactement là où et est tombé sur plus fort que lui. C’est Ariane qui a le contrôle.

Épisode 7 : trois modes de déconnexion

Adel, notre client de l’épisode 2 : voilà, je suis revenu.

Le psy : c’est bien.

Adel retourne à la fenêtre, son café à la main : ça ne vous ennuie pas le café ? Il boit sans attendre sa réponse. Je n’ai pas beaucoup de temps ? Si je veux réussir à me caser, il faut que j’optimise. Après, j’enchaîne avec une séance de crossfit. C’est important de rester affuté dans mon métier. Vous devriez faire attention vous aussi d’ailleurs. Quand on reste beaucoup assis, comme ça. Dans votre métier, vous restez souvent assis, non ?

Le psy : je crois que l’on en avait parlé la semaine dernière. Je préfère autant que possible que ce qui vient du monde extérieur reste à la porte. Ici, on travaille sur l’intérieur.

Adel : vous préférez que le monde extérieur reste à la porte ? Je vois ça avec votre petite déco hors du temps. C’est un peu comme une bulle ce que vous avez fait ici. C’est bien, c’est cosy. Je vais vous dire un truc, c’est une illusion. Le monde ne va pas rester sagement à la porte… Un jour ça va vous péter à la gueule…

Le psy : vous avez pris les médicaments que je vous ai prescrit ?

Notre psy continue à juger, philosophe sur l’intérieur et l’extérieur et détourne la conversation en parlant des médicaments. Il a utilisé 3 modes de déconnexion chers à Thomas Gordon. Adel est plus compétent que lui car il reformule les paroles philosophiques du psy sur « le monde extérieur reste à la porte ».

Épisode 8 : en position haute avec Camille

Le téléphone sonne :

Le psy au téléphone : allo…

Plusieurs voix au téléphone : gare-toi là. Qu’est-ce qui se passe ? Tu vas attraper froid. Laisse moi descendre…

Je suppose que cette séquence montre l’impuissance du psy qui écoute sans rien dire.

Camille frappe à la porte. Le psy ouvre et Camille est trempée.

Le psy : tout va bien ?

Camille : super.

Le psy : vous êtes trempée là.

Camille : je bosse 6 heures par jour dans une piscine. Être trempée ne me pose pas de problèmes.

Le psy : vous allez prendre froid, je vais aller vous chercher une serviette.

Camille : ça va, je vous dis. Vous avez peur pour votre canapé ?

Le psy : attendez-moi là, je reviens…. Tenez, c’est les vêtements de ma fille. Ils devraient vous aller.

Camille : vous lui avez demandé ?

Le psy : pas besoin.

Camille : Cela me rendrait dingue qu’on me prenne mes affaires comme ça.

Le psy : pas de problème.

Ainsi, le psy est en position haute avec Camille, ne lui demandant pas son accord pour se changer, malgré toutes ses dénégations… tout comme avec sa fille dont il prend les vêtements sans lui demander. Grosse ficelle…

Épisode 9 : comment courir après les bécasses

Un couple Damien et Léonora, qui, je suppose, a fait son apparition dans un épisode précédent. Léonora est enceinte et fume à la fenêtre, puis la referme.

Damien : tu as fumé ?

Léonora : non.

Damien : si, cela sent la cigarette. Je te connais. Ils s’embrassent.

Léonora : j’ai à peine crapauter…. Ah, cela m’a filé une décharge.

Damien : ça va ? Où ça ?

Léonora : là.

Damien : elle a bougé ?

Léonora : elle ? Elle ou il ?

Damien : c’est Clara, Françoise peut-être, Dominique.

Léonora rit : Louise. Et ils s’embrassent.

Bref, c’est l’amour, même si la mère fume.

Dans le cabinet du psy.

Léonora : je ne suis pas retournée chez mon gynéco. Après notre séance horrible, la dernière fois, on est rentré sans se dire un mot ; on était complétement déprimé. Pendant que Damien préparait le repas, j’ai essayé de m’occuper de Romain. On a joué aux cartes même si je n’aime pas ça. J’avais besoin d’effacer les horreurs qu’on s’étaient dites chez vous. Romain m’a dit qu’il avait peur, peur qu’il nous arrive quelque chose, qu’on soit tous séparés…. Il avait peur que des terroristes nous tuent, Damien et moi…. ça m’a glacé, je ne savais plus quoi lui dire. C’est Damien qui lui a parlé, c’était bouleversant.

Le psy, à Damien : qu’est-ce que vous lui avez dit ?

Léonora : il lui a dit que c’était normal d’avoir peur après ce qui s’est passé….

Damien, au psy : alors, vous en pensez quoi ?

Le psy, à Damien : et vous ?

Notre psy se fait encore balader et ne répond pas à la requête implicite de Léonora, qui serait d’aller mieux, même quand son fils va mal, et de pouvoir se débrouiller seule. Il ne sait que poser des questions, comme à son habitude. Plus tard, il dit « je suis certain que vous l’avez rassuré », courant après la bécasse envoyée par Léonora.

Épisode 10 : un psy en détresse

Esther : allo ? Pardon. Je suis désolée. Non, vous faites erreur, c’est impossible. Oui, je suis bien sa femme, mais vous ne pouvez pas le joindre. J’entends bien monsieur. Vous êtes un ancien patient. Mais je ne peux pas vous donner ses coordonnées, c’est impossible. Il est mort il y a un an monsieur. Merci. Et elle pleure.

Bref, être entourée de psychanalystes n’aide pas à être en paix avec la mort de son mari.

Le psy au téléphone, en allant chez Esther et en toussant : je suis soulagé que vous alliez mieux. Portez vous bien.

Le psy s’assoie chez elle et tousse.

Esther : tu veux de l’eau ?

Le psy : non merci, cela va aller. En fait c’est vrai, elle a quelqu’un. Charlotte, elle s’en tape un autre. Ce n’était pas la première fois. C’est dans le train qu’elle l’a rencontré, un type qui bosse au parlement européen. Je ne sais plus ce qu’il fait, probablement un de ces types qui nous protègent du fromage au lait cru… Il est divorcé et a deux gamins. Je ne sais pas ce qui se passe en ce moment. (Esther fait une tête longue comme un jour sans pain). Regarde nous. Tu as lu les journaux, tu as écouté la radio. Tu entends toutes ces conneries…. Mon flic du bataclan, il quitte sa femme comme ça. Il me l’annonce en fin de séance. Absurde…. J’ai aussi une nageuse olympique qui couche avec son maître nageur.

Esther : elle te l’a dit ?

Psy : blablabla. Charlotte. Le destin s’acharne. blabla.

Esther : Charlotte prétend ça ?

Le psy : non, Camille.

Esther : je n’y comprends rien. Philippe tu mélanges tout, tes analysants, la politique… Si on restait concentré sur ce qui se passe avec Charlotte.

Enfin, une psy qui recadre son client !!!

En résumé : sans peur, pas de courage

Notre psy fait la maman de Camille et se fait balader par tous ses clients. Bref, il n’ose toujours pas s’affirmer pour aborder les sujets de fond. Heureusement qu’Esther est là, capable de mettre ses états d’âme de côté et les points sur les i.. Peut-être grandira-t-il un jour.

Pour aller plus loin

Sur la thérapie

Sur la communication :

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