Ce qu’il faut éviter « En thérapie » suite 3/7

Je me suis amusé à analyser la série d’Arte En thérapie.

Voici les premiers dialogues des épisodes 11 à 15 et ce que l’on peut en déduire.

Notre psy est toujours aussi petit garçon face à ses clients, pris dans un lien thérapeutique sauf avec Camille pour lequel il se fait du souci et qu’il confond avec sa fille. Il ne sait toujours pas exprimer ses besoins, formuler ses demandes clairement et préfère poser des questions, juger plutôt qu’observer. Son couple se délite et sa femme a pris un amant. Heureusement, Esther, la veuve de son mentor, l’aide à hiérarchiser ses problèmes.

Épisode 11 : toujours aussi peu courageux

Il se réveille sur le canapé, se rase en voyant un mot de sa femme « Merci d’envoyer un chèque au plombier ».

Ariane arrive en retard : « je peux avoir un verre d’eau ? S’il vous plait ? » Elle s’assoit sur le canapé, boit le verre, voit une chaussette sur le canapé et dit, en lançant la chaussette au psy « il y en a une qui a perdu sa moitié. C’est votre femme, elle ne fait plus le ménage ici ?

Le psy : c’est pas ça. Il range la chaussette et dit « 20 mn de retard ».

Ariane : je sais, je suis désolée. Il m’arrive un truc incroyable ce matin. J’ai l’excuse parfaite.

Le psy : l’excuse parfaite ? C’est un peu un oxymore non ?

Ariane : c’est à dire ?

Le psy : un oxymore. Deux choses de sens opposés qu’on juxtapose…

Ariane : je sais ce que c’est qu’un oxymore. Je vous remercie mais je vois pas le rapport.

Le psy : ce n’est pas grave, continuez.

Ariane : donc, ce matin j’ai pris un taxi. On n’avait pas fait 100 mètres qu’il y avait un chat sur la route….

Il se fait toujours balader et est aussi peu courageux. Il attend 20 mn sans l’appeler, détourne la conversation en posant une question avec l’oxymore et laisse tomber l’affaire…. Personnellement, j’appelle le client à 10 mn de retard.

Épisode 12 : ne donner aucune information

Adel frappe et rentre dans son cabinet.

Adel : je vous ai fait peur ? C’était ouvert, je suis rentré.

Le psy : la prochaine fois, je préfère venir vous chercher dans la salle d’attente.

Adel : OK, OK, c’est noté. Désolé docteur. J’ai tellement de choses à raconter, je ne sais pas par quoi commencer.

Le psy : dites ce qui vous vient à l’esprit.

Adel : déjà, c’est marrant parce que je me suis trompé de jour. Je suis venu hier.

Le psy : vous étiez si pressé de revenir ?

Adel : cela vous flatterait. En mettant ses mains derrière sa tête. Non, je me suis mélangé les pinceaux, c’est pas mon genre. Je me demande un truc. Ce serait pas les médocs que vous me donnez ?

Le psy : non. Rassurez-vous, ces médicaments n’induisent ni confusion, ni somnolence. Vous pouvez être tranquille.

Adel : je pense que si. D’ailleurs, avant de commencer la séance.

Le psy : elle a déjà commencé.

Notre psychiatre ne fait preuve d’aucune pédagogie. Il pourrait répondre de manière plus détaillée à son client qui lui pose des questions sur son traitement. C’est le principe de l’entretien motivationnel qui conseille de faire le point sur les connaissances du client, de lui donner des informations claires, de reformuler et d’éviter les questions fermées du genre « vous étiez si pressé de revenir ? »

Épisode 13 : des questions à foison

Camille entre avec une minerve autour du cou et les deux poignets plâtrés.

Le psy : qu’est ce qui vous arrive ?

Camille : ne vous inquiétez pas, c’est rien.

Le psy : je croyais qu’on devait vous retirer vos plâtres cette semaine.

Camille : non mais c’est les médecins. Au moment de les enlever… un genre de déséquilibre…

Le psy : un déséquilibre ?

Camille : un genre de tension dans ma nuque.

Le psy : attendez, je vais vous aider. En lui enlevant sa veste.

Camille : merci. Vous voyez, il ne fallait pas être … comme ça. Il suffit d’une radio pour le voir.

Le psy : quoi ?

Camille : mon déséquilibre. Dans mon sac, il y a un truc pour vous.

Le psy : pour moi ?

Camille : dans la grande poche.

Le psy : vous voulez que je l’ouvre ? Il ouvre le sac et prend un objet. C’est ça ?

Camille : c’est une navette spatiale. Les étoiles, c’est votre truc.

Le psy : vous me l’offrez ? … C’est très gentil à vous. Merci.

Cela ne change pas vraiment, des questions à foison et un jugement final.

Épisode 14 : comment s’assoir sur ses principes

Le psy à Léonora : comment allez-vous ?

Léonora : ça va. Merci d’avoir pris de mes nouvelles.

Le psy : quand je vous ai reçu la première fois, nous avions défini un cadre pour la thérapie. Nous avions établi que vous ne pouviez pas venir l’un sans l’autre.

Léonora : et vous aviez rajouté, à moins que cela ne soit entendu entre vous.

Le psy : parce que Damien est d’accord ?

Léonora : et si je voulais être seule à partir de maintenant ?

Le psy : vous voulez dire pour commencer un travail thérapeutique ?

Léonora : je ne sais pas. Je me suis dit que je pouvais faire un essai. Qu’est-ce qui vous fait rire ?

Le psy : c’est cette expression. Faire un essai. Quoi qu’il en soit, si vous voulez entamer un travail analytique seule, il vaudrait mieux que ce soit avec un autre analyste.

Léonora : pourquoi ? Vous avez peur de Damien ?

Le psy : non.

Léonora : alors quoi ?

Le psy : vous êtes venu pour une thérapie tous les deux. Et cela fait quelques séances que nous travaillons ensemble. Vous voulez être seule à partir de maintenant. Soit, je ne peux que vous encouragez Mais ici, avec moi, vous ne serez jamais seule.

Léonora : pourquoi ?

Les psy : imaginez que 3 amis prennent un verre et que deux d’entre eux s’éclipsent pour aller dîner sans en parler au troisième.

Léonora : vous voulez m’invitez à dîner.

Le psy : non, mais que vous le vouliez ou non, Damien sera toujours là.

Léonora : et bien, aujourd’hui, il va briller par son absence.

Le psy : il ne sait pas que vous êtes là ?

Léonora : non. Vous n’allez quand même pas me mettre à la porte ?

Le psy : écoutez, je veux bien que l’on prenne un temps pour tous les deux parce que vous êtes là et que Damien ne viendra pas, mais c’est la dernière fois. Et par ailleurs, il devra savoir que cette entrevue a eu lieu.

Léonora : c’est bon, monsieur le président, je le jure. Je dirais toute la vérité, rien que la vérité. Je ferai même un rapport détaillé. C’est beaucoup d’histoires pour pas grand chose.

Le psy : bon, comment allez-vous ?

C’est la Bérézina, la déroute en pleine campagne. Nous seulement son cadre thérapeutique n’a aucun intérêt, mais en plus il s’assoie dessus. Normal, il ne sait pas expliquer pourquoi il y tient ; son histoire de dîner n’explique pas ses « Damien sera toujours là » alors qu’il est visiblement absent et se retourne contre lui. Il pourrait dire par exemple « si je vous vois seule, je risque de ne plus être neutre dans nos échanges ».

Épisode 15 : grincheux chez Blanche Neige

Il se réveille et s’allonge sur le divan… Sous entendu, il s’analyse sur le divan magique. Esther regarde un tableau religieux en écrivant. Elle montre ce que ne sait pas faire notre psy de service, écrire et se ressourcer.

Esther : comment vas-tu ?

Le psy : ça va. ça va, je suis un peu mal fichu.

Esther : encore ! Tu n’as pas réussi à balayer cette rhino avec ton traitement carabiné ?

Le psy : je peux utiliser ton cabinet ?

Esther : il est sur le palier.

Le psy : c’est juste au cas où. Je dois avoir un petit problème urinaire, une infection qui m’oblige à aller régulièrement tenter de me soulager et ça marche pas à tous les coups. C’est pénible.

Esther : je comprends. Tu as vu un médecin.

Le psy : c’est prévu mais je n’arrive pas à caler ça dans mon emploi du temps. Je n’en reviens pas. Ce que j’ai, encore en train de courir après tant de.. J’ai vraiment la sensation qu’on vit une époque où…

Esther : c’est du stress ou plutôt de l’angoisse ?

Le psy : pourquoi ? Tu penses que mon infection urinaire est un symptôme ?

Esther : je n’en sais rien. Qu’est-ce que tu en penses toi ?

Le psy : il y a quelque chose qui coince, c’est sûr. Il y a un truc qui ne veut pas sortir…. Désolé, il faut que j’aille aux toilettes.

Esther : tu es contrarié.

Le psy : je m’en veux d’avoir écouté tes conseils.

Notre calimero se plaint à la seule personne qui peut l’aider et la rend responsable de son état émotionnel. Esther arrive à le recentrer en revenant à ses émotions, mais ne va pas jusqu’à identifier son besoin, comme en CNV. L’histoire des toilettes est là pour faire un lien sur « ça coince ». En réalité, il veut laisser sa trace chez Esther, tout comme un chien marquant son territoire.

En résumé

Nous n’avons pas encore franchi le 1er acte suivant les étapes d’Yves Taillandier, le moment où nous comprenons quelle est la quête du héros.Il est toujours aussi mauvais et grincheux, incapable de se faire aider par un guide bienveillant. Son seuil serait-il les toilettes d’Esther ?

Pour aller plus loin

Sur la thérapie

Sur la psychanalyse

Sur la communication :

Sur la scénographie

Si vous avez des remarques, laissez-moi un commentaire.

9 réflexions au sujet de “Ce qu’il faut éviter « En thérapie » suite 3/7”

  1. Eh bien, vous n’avez pas les mêmes références que le psychanalyste de la série … En faire un problème est un peu dommage.
    Nous choisissons les techniques qui nous conviennent, qui nous réconfortent, car accueillir la souffrance de l’autre nous met à nu.

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    • Je ne comprends pas votre remarque. A quel passage écrit faites-vous allusion ? Et d’où vient cette croyance « qu’accueillir la souffrance de l’autre nous met à nu » ?

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  2. Bonjour !
    c’est un peu comme regarder un feuilleton des années 70 ,c’est drôle mais plus d’actualité …

    Votre site est clair ,intéressant et généreux dans son contenu ,merci !

    à quand in-thérapie avec l’emdr ou l’eft ?

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